Livrez Les Blanches

1989 - CD/CDR
Description : Parodie du racisme
Détails : Costes - Discogs
Extraits : Costes


Un ami m’a fait écouter Livrez Les Blanches. « Celui-là, il est grave », il m’a averti, « Depuis que ce disque est sorti, Costes s’est fait griller dans les milieux autonomes. Même eux ils en veulent plus. Ils le prennent pour un raciste. » Le livret était aussi crade que le précédent. On trouvait à l’intérieur quelques photos ratées de Costes se faisant faussement violer par un mannequin en papier mâché à la queue démesurée. La musique était un tout petit peu plus travaillée. On distinguait de vagues airs populaires, des squelettes de comptines mutilées. Les textes étaient pires que tout. Même le pire des racistes aurait été gêné de la haine qui se dégageait des chansons. C’était viscéral. Malade. On sentait le type écumant de bave, comme un chien enragé. Et pourtant, en y regardant de plus près, beaucoup plus ambigu que ça. Le disque commençait par « Facho je t’encule, Facho, ton cul, c’est comme la fosse commune à Auschwitz, Facho, ton cul c’est Stalingrad, c’est le ghetto de Varsovie en flammes !!! » Le CD s’achevait sur une vision de Costes amputé rampant dans les décombres de la civilisation blanche en geignant. Tout ça était beaucoup plus triste et grotesque que raciste. Il s’en dégageait la vision d’une humanité malade, bouffée par ses pulsions. Costes était raciste envers le genre humain. Lui-même se décrivait comme un pantin taré, engendré par le monde occidental dégénéré. Je me suis dit que le bonhomme était à suivre.

Auteur : Lionel Tran
Fanzine Jade

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Costes a le goût de la narration anecdotique et autobiographique. Il préfère le destin individuel au destin collectif. Livrez Les Blanches, qui lui a valu tant de tracasseries, est plein de ces petits récits atroces et drôles, parfois proches de la littérature de science-fiction. On y apprend que les noirs ont volé le funk aux Bretons, que les races puent mais que les blancs sentent bon le saucisson et le cornichon. On assiste au viol de Mitterand (« ça craque, mais ça passe ») et à l’extinction de la race blanche dévorée par un sida mélanophile… Ce caractère anecdotique, sans aucun fondement qu’une nécessité ludique, est une autre caractéristique des contre-textes, et c’est peut-être cette caractéristique qui les distingue le plus du texte. Je pense également à Sade dont les récits se complaisant dans la cruauté sexuelle apparaissent presque naïfs, enfantins, et donc totalement irréels. On sait parfaitement que Sade n’a jamais pratiqué ou encouragé les atrocités qu’il décrit. Il a simplement usé, à sa convenance, d’une légitime liberté contre-textuelle, inoffensive et fantasmatique. À ce titre, toutes les attaques dont Costes a été l’objet, toutes ces attaques qu’aucune inquisition médiévale n’avait osé porter, sont autant de tentatives dangereuses pour domestiquer ce qui reste d’Art et de nuit dans le jour perpétuel où nous sommes plongés.
Costes use de la même liberté qui a animé, il y a plus de 800 ans le plus grand foyer poétique et musical qu’ait connu l’occident. Non pas qu’il faille considérer Costes comme un troubadour moderne, mais il est juste de situer son immense travail dans une perspective historique et musicologique, alors même que toutes les apparences tendraient à l’en exclure.

Auteur : Jérôme Noirez

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Les procès contre Costes ont eu principalement pour objet les textes de son disque Livrez Les Blanches (1989). Notons au passage qu’aucune association de défense des femmes blanches n’a jamais porté plainte contre l’insulte du titre – question de contexte encore une fois ! Lues au premier degré et sans tenir compte du contexte, les paroles de Costes sont horribles. Mais même sans le contexte, à bien y réfléchir, ces paroles sont tellement délirantes, tellement ubuesques qu’il est surprenant que quelqu’un (en l’occurrence plusieurs associations réputées fréquentables, sérieuses et garantes de la morale républicaine, démocratique, humaniste, etc.) ait envisagé un jour de les lire comme un texte sérieux à vocation réellement raciste… Dans le contexte, le contraste est encore plus saisissant et l’évidence du non-racisme de Costes saute aux yeux. Je dis bien non-racisme et pas antiracisme… Costes s’en fout vraiment des races… Mais pas l’UEJF, ni la Licra pour qui les races, les ethnies, les religions, sont manifestement des choses très importantes. Fin de la parenthèse… 
Non seulement le disque s’ouvre sur un enculage magistral et hystérique d’un « facho à culotte de cheval », mais le deuxième titre (« Le Funk Breton ») donne le ton de l’ensemble de l’album : celui de la pantalonnade et de la guignolade absolue ! Il faut être profondément perturbé, obsédé et, pour le coup, sincèrement fanatique et fermé à l’autre, pour croire que cette chanson est un éloge de Jean-Marie Le Pen, pour ne pas voir que l’œuvre de Costes est placée sous le signe de la farce totale, qu’elle n’a pas pour objet de formuler clairement et au premier degré des « opinions politiques » ou des appels au meurtre (Jean-Louis Costes par exemple sait sans doute que le funk n’est pas breton et que Jean-Marie le Pen n’a pas raison), mais qu’elle est la représentation de toute la folie humaine et qu’à tout prendre, si elle « dénonce » quelque chose, c’est bien, entre les lignes, le « racisme » au sens large du terme, à savoir le mépris de la race de l’autre, certes, mais aussi et peut-être surtout l’éloge et la mise en avant un peu stupide de sa propre race, de sa propre sexualité ou de sa propre appartenance religieuse. Un juif ou un Musulman qui affirme toutes les cinq minutes qu’il est fier d’être juif ou fier d’être musulman n’est ni plus ni moins ridicule et dangereux qu’un crétin d’extrême droite qui serait fier d’être blanc, français, américain ou auvergnat… D’où dans le même album l’expression récurrente et générique « c’est la race qui pue ! » ou encore le titre d’un autre album, sorti en 2000 : Nik Ta Race. Ou encore et surtout le morceau « Casse Ta Race », sur l’album NTMFN.
« Où est la faute, je vous prie, au point de vue même de l’accusation, où est la faute et surtout où peut être le délit si c’est pour flétrir qu’il exagère le mal, s’il peint le vice avec des tons vigoureux et saisissants parce qu’il veut vous en inspirer une haine plus profonde, et si le pinceau du poète vous fait de tout ce qui est odieux une peinture horrible, précisément pour vous en donner l’horreur ? » disait en 1857 l’avocat de… Baudelaire ! On pourrait aujourd’hui utiliser mot pour mot, devant le juge, la même défense pour Costes. Et faire du bourgeois d’aujourd’hui la même critique – ou presque – que celui du 19e siècle… Rien – ou presque – n’a changé. Rien – ou presque – ne changera jamais. C’est la merde pour toujours. Le merdier for ever. C’est aussi cela que dit Costes.

Auteur : Yann Kerninon

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Costes est répugnant et génial à la fois, cette nouvelle cassette (et compact disc) en est une preuve de plus. Cette musique s'écoute comme un dégueulis qui te rentrerait dans l'oreille. En prime un roman photo porno qui glisse des mains tellement il est torride. Pour les coeurs bien emboités.

Archive Costes

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The only three persons who respected him (his ex-girl-friend Anne Van Der Linden, his current girl-friend Darlyne, and me) disapproved strongly of the direction he was going in. Anne because it was probably racist and would definitely cause nothing but problems (socially suicidal); Darlyne because how could he earn money or social position enough to earn her respect by putting all this time into this dreadfull shit (financially suicidal); me because he messed up his music in the mix so unlistenable - it's actually quite beautifull underneath all that, but no one will ever know! - and yelled and spit without ever the relief of a melody (musically suicidal). As did all the people who didn't respect him. Everyone was against him, and he didn't care. To date, he has made 18 CDs and I don't even know how many tours. He didn't know why he had to make those weird, ugly things, he just knew he had to. Now that Jean-Louis has become "a figure", I'm sure that people are going to start rearranging their memories, saying how they supported him all along, they recognized his genius all along. I was there, I know it's not true. No one supported him. No one recognized his genius. He was completely alone and he persevered.

Auteur : Lisa Carver
Magazine Rollerderby

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Les extraits des paroles de Costes qui - hors contexte - pourraient apparaître offensants ont été retirés des textes originels.

Liens utiles sur les procès liés à ce disque : historique & deux articles.