Naze

2006 - CDR
Description : Tentations extrêmes
Détails : Costes - Discogs
Extraits : Costes


Voilà un disque dans la veine du doublet Raciste Positif, sortit dans le style chantant des albums de Jean-Louis Costes du début des années 2000. 15 titres avec une ambiance ambiguë et surprenante !
Des musiques oscillants entre coups de gueule du français moyen qui n'en peut plus des embrouilles mé(r)diatiques sur le sujet des diasporas, des immigrés, et chants libérateurs typés « Action Française » et OAS, qui seraient une bien belle illustration sonore du périodique Minute ou Rivarol. Ici ça gueule le ras le bol du franchouillard gentillet qui finit par péter une pile et devenir le fils de R. Faurisson. Sublimé par l'ambiance des musiques de Jean-Louis typées années 50/60, les paroles schizophrènes s'enlacent dans une demande de pardon de l'être humain, si tiraillées par les sujets de racisme et de racialisme, et dans une joie relative de « va-t-en-guerre » contée et scandée à la « Choeur Montjoie Saint-Denis ». On retrouve çà et là le mal-être dû à ces sujets épineux issus de la seconde guerre mondiale, et voyageons dans le temps sur certaines pistes comme « Enculé Par Le SS Costes », ou l'excellent air de « Adolf Et Eva ». Je me surprends à faire souvent la moue, bouche en cul d'poule éprouvante et grimaçante quant à l’extrême ligne déblatéreuse et horrifiante de saleté, baignant dans un dark ambient soucieux, mais aussi dans ce côté électro-pop si cher à Costes. « Le Chant Des Vautours » reprend certains poncifs du negro spiritual et du gospel agacé, feignant une litanie décrépie. Quelques pistes évoquent la grinçante singularité du « problème juif » d'antan, mélangé au paradoxal ukase génocidaire de l'Israël très contemporain. Pourquoi dans le néo-sionisme encore aujourd'hui ? A l'heure ou la majorité des Juifs ne désirent que la paix ? Les mé(r)dias, encore. Et Jean-Louis chante et arrive à ressentir tout ce que les exterminateurs et les exterminés peuvent ressentir. « Naze » ou Nazi ? Cet album traite au sens large du délit fratricide des peuples. Déplorant l'esprit humain dans son ensemble et griffant sur les murs de la chambre à gaz du bon sens, j'ai l'impression de ressentir dans pas mal de titres de cet album, non pas le pamphlet de la bien-pensance, mais une ode joyeuse bien que fofolle. Le titre « Noir, Juif, Arabe » est tellement frustré qu'il en est vraiment drôlissime, « Laideur Socialiste Et Beauté Nazie » est aussi une belle mise en abîme du monde actuel, où l'on nous rabâche souvent les vertus et les mérites de certains systèmes socio-politiques, qui ne sont en fait que du flan, probablement comme les autres. « Dieu Et Diable Sont Mes Pères » aussi, dans un tout autre délire. Enfin, cet album est très varié à mon sens. Très éclectique. L’avant-dernier titre est une ballade au piano, très religieuse. Tel un cantique. C'est une très belle galette qui trône dans ma Costographie !

Auteur : Kad