Partouze À Koweït City

1991 - K7/CDR
Détails : Costes - Discogs - Eretic


En 91, je me souviens qu’on écoutait Partouze À Koweït City entre deux flashs d’Info consacrés à l’annihilation des Irakiens. Le chaos mental de Costes faisait écho à celui de l’actualité. Rires cyniques, écroulé dans un canapé, un pétard à la main. J’ai commencé à plus trop comprendre la vie. Rire de tout ça comme si c’était pour de faux, sans trop y croire. Costes n’épargnait rien : du viol de bébé à la torture d’animaux en passant par tous les génocides imaginables, placé sous le signe de la frustration sexuelle. Je l’imaginais pleurant, la queue en sang au milieu des montages de doubles de lui-même qu’il n’arrêterait jamais de tuer. « J’ai mal, je souffre merde alors je fais mal !!! » S’enregistrant tout seul au fond de sa cave. A la fois victime ridicule d’impuissance et tortionnaire grotesque. Je rigolais pour pas chialer. Pour donner l’apparence de digérer toute cette merde sans sourciller.

Auteur : Lionel Tran
Fanzine Jade

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« Sadam Encule Moi », « Rabbi Jacob J'Ai Un Scud Dans Le Cul », « B52 Vengeance De Dieu », sont des chansons que vous aurez le plaisir d'entendre sur une des dernières K7 de Costes (encore lui !) : Partouze À Koweït City. Le contenu sonore est à l'image des titres : chaud, choc et vraiment dégueulasse ! Plongez dans le monde hystérico-braillard de maître Costes.

Archive Costes

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Chronique du show dont la bande-son était cette K7.

Cet opéra porno-social Partouze À Koweït-City a été joué seulement quelques fois en 1991, et sa bande-son était la K7 du même nom. Le nombre important de personnages décrit, les multiples situations imaginées ainsi que les différentes variations d’ambiances sonores faisaient d’emblée de cette production une œuvre faite pour le live.

L’autre spécificité de cette K7 est que, bien qu’il y a eu d’autres albums de Costes qui ont traité de sujets sociaux-politiques, c’est probablement le seul à avoir abordé un événement politique unique, et de manière si circonscrite.
Pour les incultes et les moins de 35 ans, je rappelle que ce fils de pute de Bush Junior avait un enculé de père qui avait été encore plus bâtard que son connard de fils en déclenchant la guerre du Golfe en Janvier 1991. Cette guerre a été une putain de saloperie pour l’Irak et sa population : opération Tempête Du Désert pour les uns et uranium appauvri pour les autres. En bon reporter de notre inhumanité, Costes a participé à l’évolution de l’espèce avec cet opéra qui, quand il ne l’a pas joué seul, fut parmi un de ceux avec le plus d’intervenants.

Je me rappelle bien du début du show, avec ces « Je veux la guerre » répétés par l’ensemble des performeurs, comme sur l’introduction de la K7. Le ton était donné d’entrée de jeu : ça crie, ça hurle, ça gesticule dans tous les sens et ça parait déjà incontrôlable. Les textes diffusent une prose ultra belliqueuse souvent teinté de racisme deuxième degré ou d’élucubrations sexuelles délirantes. Costes est un pilote de bombardier et nous, le public, sommes la cible de ses skuds verbaux : son apologie de la haine devient une œuvre d’art guerrière totale. Dégât collatéral : une des filles est partie avant la fin, déshabillée de manière trop téméraire par l’un de ses complices masculins.
Je n’en ai plus le souvenir mental, et les photos que j’ai prises ce soir-là n’en disent rien non plus, mais il y a certainement eu des parties du spectacle qui étaient moins agitées, à l’instar de certains morceaux de la K7. Comme ce soldat pleurant son ami mort au combat, ou encore cette scène d’amour avec Saddam Hussein dans un Bagdad en ruines.

Quoiqu’il en soit, ce soir-là, j’ai vu des punks qui faisaient les avions, une fille en bas résille avec une perruque bleue, un gars en toge, un autre avec un tee-shirt léopard, tout le monde en l’air, ou par terre, au début habillés, moins à la fin, voix hurlées, corps arqués, humour-horreur, rires-cris.
Dans mon souvenir, le spectacle finissait en partouze générale, ultime apothéose orgiaque célébrant la vie après le chaos. Cette conclusion idéale n’a en fait jamais eu lieu, puisque Jean-Louis m’a confirmé récemment que le show avait été interrompu avant la fin.

Pour résumer la VHS qui est sortie par la suite (et récemment rééditée en DVD-R), Costes précisait : « Tournée européenne avec une bande de punks bourrés obsédés du cul ».
Certes, cette description ne rend pas vraiment hommage au concept de la performance, mais il est vrai que, à cause du bordel généré par autant de participants énergiques, le show dérapait en permanence vers une pagaille hors de contrôle.

Auteur : Cyril Adam
Site Gonzaï