Araignées Du Soir

2009 - CDR
Détails : Eretic
Extraits : Costes - Youtube - Deezer


Je pensais, avec ma collection (pas encore complète) d'albums de Costes, que j'avais tout entendu (et tout vu...). Cet Araignées Du Soir m'a été très dur à appréhender. Mais plus je me le passe, plus je me dis qu'il s'agit là encore d'un album musical très complet. Je ne saurais pas dire si ce sont les musiques que je préfère, ou les textes. Encore une fois, j'ai l'impression que la symbiose est présente, et que tout est là, à point nommé.

De prime abord, je me suis dit : tiens, un album de Costes très lent, « mid-tempo », et pas franchement très agressif ou dégueulasse dans le propos. Je pense que j'ai laissé de côté très longtemps cette galette à cause du fait que je l'écoutais comme un neuneu, comme un type qui dit écouter de la musique, mais qu'en fait, est en attente d'avoir un « choc », une « révélation », de la part d'un artiste comme Costes. Comme si l'artiste devait tapiner ses auditeurs pour être plu. Non mais n'importe quoi...

Araignées Du Soir ne m'a pas fait ça, et je dirais que dans ma collection de CDs de Jean-Louis Costes, celui-ci faisait un peu grise mine. Non pas qu'il soit « easy listening » ou facile d'accès, car il est quand même complètement unique. Très intelligent, très profond (encore) de par le propos artistique et en particulier les paroles. C'est un album que je trouve très investi dans les douleurs intestines de la vie. Le petit train-train de tous les jours, narré comme un journal intime et finalement, ce CD est particulièrement touchant. Et souvent des mélodies mineurs (dans l'armure musicale). Ecoutes après écoutes, je sais que cet album, très honnête et humain, ne trône pas parmi mes préférés. J'essaie donc d'avoir une vision ouverte sur ce sujet.

D'une, je suis très friand des frasques artistiques de Costes.
De deux, il faut dire que comparé aux autres albums de Costes, celui-ci est vraiment, comme mentionné plus haut, très calme. Donc si je ne connaissais pas les autres albums de Costes, je pense que cet album me toucherait davantage. Donc, très simplement, j'aime à présent me mettre cet album pour me détendre, et pas pour me venger ou me défouler. Et pas non plus pour m'esclaffer. Attention ! Album mélodieux et super sérieux dans les messages en vue !

Cet album donne beaucoup de courage et de beauté à notre propre vie. Conté à la première personne du singulier, (comme les autres) ce CD rejoint une certaine réalité de la vie contemporaine, peurs, incertitudes amoureuses, démons sortis de l'enfance, regrets, etc. La chanson « Trou Froid » est cependant une de celles qui rejoignent l'aspect le plus hypnotique et angoissant des autres productions de Jean-Louis. Etrangement après cette piste, l'album se dévoile de plus en plus. Toujours très calme, on arrive à se chanter sous la douche l'air de « Classique Histoire De Cul ». Une ballade très intense qui mêle sentiments charnels et attraits au cosmos, sans pour autant arriver à pleurer. C'est très frustrant, un peu comme l'excellent titre de Les Fées, Les Culs, Les Tourments : « Coupez Les Fleurs Du Mal ». Une révélation certaine dans l'aspect le plus beau des compositions de Costes, vraiment très fort pour la composition qui mêle des aspects « variété » et « musiques romantiques ». Le titre suivant, « Dans L'Ascenseur En Panne », représente bien la pochette arrière du CD. Du tout au tout, et un pétage de pile à l'usage, comme Monsieur Costes (du syndicat des musiques Romanticoïdes) sait parfaitement faire, et j'aurai du mal à croire que cette piste ai été placé en mode « random » juste après dans le tracklist de l'album... En tout cas c'est réussi. L'ascenseur émotionnel n'est en revanche pas en panne. Vient ensuite « Des Désirs Un Peu Trop Fous », morceau prenant et faisant monter le stress, ce qui n'est pas sans me rappeler un titre comme « J'assure » du sublim(inal) L'Avant-Garde De L'Hôpital, très angoissant mais en même temps si lyrique... Titre représentant parfaitement la couleur de ce disque : on sait qu'il va se passer des choses hallucinantes dans les histoires contées et chantées, mais lorsqu'on vit cette histoire avec Jean-Louis, on se perd plus souvent dans les belles mélopées qui nous enivrent, sans jamais arriver à sombrer dans la folie ! « Occasions Ratées » nous emmène de nouveau à la réalité emplie de névroses, qui fait ce que la vie fait : nous emmerder avec les prises de choux issues des tunnels noirs de la maladie de l'amour. Superbes compositions et orchestrations qui font honneur à un titre court, mais franc. Ce qui m'amène à un des plus beaux titres de l'album Araignées Du Soir : « Fatigue Mortelle ». On fait le lien très vite avec l'album Pas Encore Mort... Le refrain est prenant et bourré d'émotions, ceci messieurs-dames, est une musique parfaite : de la composition au ressenti très nombriliste et exténué du « personnage JLC », aux paroles... cette piste s'inscrit dans la grande lignée des chansons les plus émotives et déprimées que j'ai pu connaitre jusque-là (de Costes ou non). Puis « Ci-Gît Costes ». Il est en train de gésir. Il sort de son personnage pour prendre le rôle non pas de la personne même de Jean-Louis, mais de son Némésis, détruit par la vie, et qui rentre dans son palais divin. Un refrain de monstre très « musiques militaires » ; la misère racontée - très empathique - tente d'être effacées par la religion. Non pas la foi, mais bel et bien la religion, comme si elle était la seule chose salvatrice pour occuper son esprit et tout oublier... « Erreur Fatale », le nom du titre suivant est encore un panégyrique de composition et d'interprétation personnelle, ce qui donne ici encore un bien bel exemple de ce que Costes sait faire aussi bien que de faire le monstre dégoûtant : créer un personnage le plus humain, physiquement et psychiquement. « Parti En Fumée » me fait penser à Jean-Sébastien Bach qui aurait pris trop de coke et trop d'alcool en même temps, je me suis imaginé un personnage en coiffe XVIIème, matraquant son clavecin avec le pied en jouant son petit air rigolo. Je note aussi particulièrement une piste plus loin, la dernière pour ainsi dire, qui vient à exprimer la propre carrière de Jean-Louis ? « Milliers De Chansons, Millions De Souris ». On ne sait pas si on doit rire, encore, ou chagriner. Très belle mélodie, textes très bien posés et le propos est très amusant... Trois millions de chansons ? Les mêmes trois accords ? Les mêmes mots à la con? Pour faire sortir une petite souris ? En tout cas, cette chanson fait sortir la petite larme.
Un album étrange, non pas « mainstream » mais qui sait plaire par sa simplicité et son travail au coeur. Chapeau l'artiste.

Auteur : Kad

Cette chronique tient compte de l'ordre des morceaux tels qu'ils sont sur le CDR, car ils sont organisés différemment sur les versions dématérialisées de l’album.