NTMFN

1996 - CD/CDR
Description : Contre le rap
Détails : Costes - Discogs
Extraits : Costes - Youtube


Arrgh !!! Un nouvel album de Costes, le onzième, sans compter les 22 vidéos et la trentaine de cassettes. Y a pas intérêt à dire du mal, à l’insulter au téléphone au essayer de lui casser la gueule, sinon il va intituler son douzième album : « Abus Dangereux FN ». Voilà, vous remplacer le nom de votre fanzine adoré par NTM, les rappeurs parisiens, et vous obtenez l’histoire de ce disque. Ajoutez tout de même que sieur Costes n’a pu s’empêcher de mettre dans son lit la copine de Kool Shen, vedette des NTM. Et la vengeance est terrible, les banlieusards se voient traiter de pas mal de noms d’oiseaux ou « Faux Nègres Et Vrais Arabes » par exemple, etc, etc. Sur une musique minimale, Costes éructe, braille, hurle des vérités crues, trop peut-être, un peu de poésie, de vers seraient les bienvenues.

Magazine Abus Dangereux

----------

Alors là, c'est mythique ! Dans ce CD fait en 15 jours, Costes, à partir du malentendu avec Darlyne, part dans un délire hilarant sur Kool Shen de NTM, mais il met également en évidence certains phénomènes tout à fait déplaisants dans le rap (les bandes qui se la pètent comme si c'était des gangs à Chicago, les frimeurs, le fait de jouer au gros dur). Costes vanne allègrement Kool Shen qu'il surnomme « Coucou », lui reproche de vouloir donner des leçons, d'appeler à la haine mais de n'être au fond qu'un vendu qui fermera sa gueule quand il aura du pognon. Costes s'amuse à parodier « La Fièvre » de NTM qui devient « La Fièvre Dans Ton Cul ». J'ai rarement autant rigolé qu'en écoutant « La Bataille De St-Denis » : au début, Kool Shen et un pote sont devant chez Costes et l'attendent pour lui péter la gueule, s'ensuit alors un duel impitoyable entre le rappeur armé de gourdins, couteaux et bombes lacrymo et Costes armé... d'un sac Casino plein de yaourt Danone (il en fera une utilisation assez singulière d'ailleurs) ! A pleurer de rire. D'autres chansons, plus sérieuses mais toujours délirantes, évoquent le côté faussement rebelle et l'intolérance des rappeurs qui revêtent leurs fringues de marque comme on met un uniforme. Excellent album !

Auteur : Sophie Diaz
Blog Costes666

----------

Sous prétexte que Costes est amoureux de sa copine, Shen débarque un soir, pas cool, et tente de défoncer la porte en hurlant des menaces. Le lendemain, Costes commence la première chanson de l'album NTMFN, brûlot délirant entièrement dédié à la dénonciation du célèbre duo de rap français, présentés comme de vulgaires démagos. On y entend Kool Shen dire : « Y a pas que ta mère que je baise, y a aussi ta meuf. » Un message personnel laissé sur le répondeur du chanteur fou. Quand on a une embrouille avec Costes, toutes la ville est au courant.

Auteur : Agnès Giard

----------

La vérité, c’est ce qui reste quand il ne reste rien, quand tout est mis à nu, délavé, décapé. Nudas veritas : la vérité nue !
La vérité, c’est ce que montre Costes dans chacune de ses œuvres. Et Costes s’y connaît en matière de décapage et de nudité. Il y en a mille exemples. Mentionnons l’un de ses plus comiques. Dans NTMFN, son album rigolard-revanchard contre le petit monde pseudo rebelle médiatisé du rap business français, Costes nous offre un sketch intitulé Coucou cobaye. Campant un scientifique chargé d’étudier la corrélation entre argent et révolte haineuse dans le milieu du rap, Costes installe son cobaye, « Monsieur Coucou » (supposé être le chanteur Kool Shen du groupe NTM) dans son laboratoire. Il présente au rappeur un billet de cent francs et observe ses indicateurs. Ils sont tous à la hausse : rythme cardiaque, tension, adrénaline ! Le rappeur considère le billet comme une provocation : « Nique ta mère ! Nique ta mère ! » L’expérience se poursuit. Le Docteur Jean-Louis Costes présente à son patient une coupure de deux cents francs ! Ô surprise, les indicateurs stagnent… Il continue dans cette voie en offrant maintenant un billet de cinq cents francs. Les indicateurs baissent. Monsieur Coucou semble calmé soudain. Il observe le billet avec fascination et commente : « Cinquante caisses ! Putain il m’a filé cinquante caisses… allez je t’emmène en te-boi ! » Un second billet de cinq cents francs manque de faire sombrer Monsieur Coucou dans le coma… Il s’endort comme un bébé et rêve de son argent : « J’suis riche là… j’suis riche. » Moralité : deux billets de cinq cents francs suffisent à acheter la révolte cambrée, arquée, arc-boutée, des rappeurs les plus inconciliants. Voilà la vérité.
Au-delà du caractère comique de son sketch, Costes fait un constat qu’il appartient de faire pour quiconque veut sauter au-delà du bourgeois : qu’ils soient bourgeois cyniques ou antibourgeois forcenés, tenants du conformisme ou rebelles en icônes, pour une poignée d’argent les hommes entrent dans la ronde du mensonge et de la médiocrité. Costes l’a bien compris, les rebelles affichés ne valent pas beaucoup plus que les panégyristes du conformisme ambiant. Les racistes et les antiracistes, les bons bourgeois de droite ou les militants de gauche, les philistins ignares ou les galeristes branchés. Tous se mentent et mentent à tous. Tous échouent à la nudité. Sauf Costes. Costes et ceux qui entendent ce qu’il a à nous dire. Coste se met à poil, c’est connu. Ça fait rire. Provocation ? Grosse blague ? Enième façon éculée de choquer le bourgeois ? Oui peut-être. Mais surtout Costes est nu parce qu’il est vérité. Il est nu comme un ver, nu comme un nouveau-né, nu comme la vérité.

Auteur : Jérôme Noirez

----------

Ce message s'adresse à tous ceux qui n'en peuvent plus de subir une sous-race humaine qui prolifère encore plus vite que les grèves des techniciens surpayés de la RATP en ces temps de pré-apocalypse généralisée à laquelle notre beau pays n'échappera malheureusement pas : Les cailleras.

Oui, vous, qui ne supportez plus ces sous-merdes qui allument des joints dans le métro, ces petites frappes blanches qui se prennent pour des « arabes qui (eux-même) se prennent pour des noirs du ghetto de Chicago » (dixit Costes), ces lamentables connards en « survèt-capuche-sur-la-tête » à 3000 balles qui osent venir vous demander 2 euros, bref, ces fils de pute dont vous rêvez de rectanguliser la tronche à coup de botte de SS (ah, merde! vous portez des tongues...) mais vous n'osez pas car vous avez soit la trouille, soit la flemme ou tout simplement pas le temps de monter un commando anti-cailleras (je connais des mecs qui passent leurs week-ends à ça), eh bien, un petit conseil qui vous permettra à la fois de vous marrer très franchement et d'éviter des problèmes avec la justice pour cause de meurtre : foncez direct sur le site de Costes et chopez cette incongruité sonore qu' est NTMFN (selon moi le meilleur), pur manifeste d'un des mecs, sinon LE mec, le plus incorruptible de l'histoire de l'industrie musicale (avec GG Alin, qui reste cependant en-dessous).

Démarrage brutal avec narration des embrouilles entre Costes et Kool Shen de NTM (histoire complète à lire sur le site de Costes), avec petit extrait de répondeur (Kool Shen de pitoyablement débiter : « Y a pas que ta mère que je nique, y a aussi ta meuf »), puis avalanche sonore de synthés pourris, bruits dissonnants, voire pittoresques, textes tri-parlés, tri-chantés, tri-hurlés plus ou moins improvisés, tout ceci mixé d'une façon proprement hallucinante (comme dirait Gustave de Kervern) et hillaro-jubilatoire dont seul Costes a le secret.

A voir, en vrac, « Casse Ta Race » où Costes descend en flamme toute fierté communautariste ; « La Fièvre Dans Ton Cul », pastiche marrant du morceau de NTM « La Fièvre » ; « Coucou Vénèr », diminutif affectueux de « Kool Shen» ; « Faux Nègres Et Vrais Arabes" ; « La Bataille De Saint-Denis », ou l'art de se mettre en scène, se bastonnant avec, pour seul arme, un sac Casino rempli de yaourts Danone et « l'intelligence du blanc », contre une « dizaine de cailleras armés de couteaux et de bombes lacrymogènes ». Remarquons ici, histoire de rassurer le lecteur droits-de-l'hommiste inquiet, que Costes ne fait que jouer des rôles, et que par conséquent ses paroles brutales ne sauraient en faire un quelconque « raciste » (voir à ce propos ses album Nik Ta Race, par ailleurs excellent, où il clarifie ses positions à ce sujet et Terminator Moule, où il dissèque le machisme de façon radicale).

Il est clair que Costes emmerde beaucoup de gens, à commencer par ces trous du cul de l'UEJF, du MRAP, ou de la Ligue des Droits de l'Homme, qui lui ont quand même collé trois ou quatre procès au cul d'affilée pour « propos subversifs » et « appel au meurtre ». Ces braves gens n'auraient-ils donc que çà à foutre de faire chier un pauvre branleur qui hurle sa haine et son mal-de-vivre du fond de sa cité - et que de toute façon, personne n'écoute ? Ou bien auraient-ils trop d'argent qu'il faille le gaspiller ? Plus généralement, ce qui met mal à l'aise chez Costes, c'est qu'il met en scène le réel, qu'il ex-pose, au sens premier du terme, c'est-à-dire, « poser devant soi », des situations réelles franchement dérangeantes pour les « docteurs tant mieux » de droite comme de gauche (mais surtout de gauche) se faisant encore des illusions sur la nature humaine, que nôtre bougre objectivise de façon subjective, et c'est là tout le paradoxe du personnage, raison pour laquelle il est si difficile à saisir (sur le sujet du refus humain de la réalité, lire La Connaissance Inutile de Jean François Revel, Grasset, 1988).

Mais reprenons la bête en oreilles et examinons plus en détail : Costes ne se gène pas pour injurier personnellement et gastronomiquement son « rappeur à casquette » préféré, le traitant entre autre de « riche déguisé en pauvre », de « faux prophète » croyant lui-même les conneries qu'il débite à longueur de CD. On sent franchement qu'il lui en veut, et qu'il en veut plus généralement à tous ces connards qui courent nos rues. Il compare justement leur rigidité d'esprit et leur uniforme à la mode à ceux de militaires en service (« rappeur à casquettes comme militaires à casquettes »), toute la panoplie de la caillera-type est disséquée, de foutage de gueule en foutage de gueule, soixante dix minutes durant. Le pire, c'est qu'on ne s'emmerde pas une seconde. A la condition nécessaire d'écouter précisément toutes les conneries qu'il débite, et seulement à cette condition, cette cacophonie prend son sens. Sinon, on n'entendra qu'un fond inaudible et bruyant mêlés de cris sauvages strictement sans intérêt. A prohiber donc dans le cas d'une soirée entre amis où tout le monde est sobre et où n'importe lequel de vos pseudo-potes aura tôt fait d'ouvrir sa gueule et de balancer au bout de trente secondes : « ouais, ouais, c'est drôle, tu mets de la musique maintenant ? Tiens, tu veux pas mettre le dernier Red Hot Chili Peppers, il est pas mal... ».

Costes, et plus particulièrement ce CD, ne ressemble à rien de ce que vous avez déjà pu entendre ou écouter sur cette Terre. Ce qui ne veut cependant pas forcément dire qu'il ne rime à rien. Certains trouveront çà nul à chier en-dehors de tout aspect-provoc, certains trouveront çà génial. Personnellement, j'aurais surtout tendance à hurler de rire à l'écoute de cette « chose », sortie ex nihilo de la cave de celui que beaucoup considèrent, et stigmatisent parce que çà les arrange bien, comme un taré. Quoi qu'il en soit, cet album est un repose-pied théorique essentiel de la lutte anti-caillera, et ceux qui sont victimes de cette poignée d'enculés sont ceux qui l'apprécieront le plus. Costes a eu l'habileté de mettre un nom et un visage sur un profil et des statistiques que s'évertuent à nous expliquer les ronds de cuirs mondains, qui ne mettent les pieds dans la rue que pour aller de la porte du taxi à la porte de leur bureau, et qui croient nous apprendre à vivre sur LCI. « On n'a pas attaqué les idées tant qu'on n'a pas attaqué les personnes » disait Joseph de Maistre.

J'espère que les non-initiés commencent à comprendre pourquoi Costes n'est pas vendu à la FNAC, et que les gens conscients de l'état de sclérose intellectuello-idéologico-médiatique de notre pays dû en grande partie à l'incompétence et au manque de couilles de nos élites depuis une bonne trentaine d'année comprendront aussi pourquoi ce mec a plus de succès dans le milieu underground japonais ou américain, grâce principalement à Internet et à la liberté que ce média véhicule pour le meilleur ou pour le pire.

Costes est un vrai freak, et comme disait Zappa : « les mecs, soyez sympas, arrêtez de déconner et de vous foutre de la gueule de ce type bizarre qui vit dans son monde et qui vous fait si peur parce que vous n'avez pas les moyens intellectuels de le comprendre, si ça se trouve, c'est lui qui va trouver le moyen de résoudre les trois-quart des problèmes énergétiques de la planète ». Si après tout ça, vous n'êtes pas convaincus, eh bien, allez joyeusement vous faire foutre, au moins vous n'emmerderez personne, à part peut-être la bite de votre copain.

Site Sefronia